Raisons historiques

C'est le 18 octobre 1685. Au milieu de ses ministres et d'une foule de courtisans assemblés en son château de Fontainebleau, seul assis à sa table dans toute la pompe de son autorité royale, son chapeau à plumes sur la tête, Louis XIV repose sa plume et regarde autour de lui.

II vient de révoquer l'Edit signé à Nantes par Henri IV 87 ans auparavant. II croit qu'il a réglé une fois pour toutes le lancinant problème de I'hérésie. II ne se doute pas qu'il a déclenché une terrible catastrophe. II ne sait pas non plus qu'il a signé en quelque sorte I'acte de fondation de l'Eglise française de Zurich....suite.

La Révocation de l'Edit de Nantes

C'est le 18 octobre 1685. Au milieu de ses ministres et d'une foule de courtisans assemblés en son château de Fontainebleau, seul assis à sa table dans toute la pompe de son autorité royale, son chapeau à plumes sur la tête, Louis XIV repose sa plume et regarde autour de lui. II vient de révoquer l'Edit signé à Nantes par Henri IV 87 ans auparavant. II croit qu'il a réglé une fois pour toutes le lancinant problème de
I'hérésie. II ne se doute pas qu'il a déclenché une terrible catastrophe. II ne sait pas non plus qu'il a signé en quelque sorte I'acte de fondation de l'Eglise française de Zurich.

On connaît aujourd'hui les conséquences de cette funeste décision: à côté des conversions forcées et bien peu sincères, des milliers de fidèles préfèrent sortir du royaume, se lançant sur les routes de France dans des conditions incroyablement difficiles, sauvant parfois tout ou partie de leur fortune, perdant souvent tous leurs biens pour garder leur foi. La route de I'exil les conduisait dans les Etats protestants comme les Cantons évangéliques de la Suisse, les Etats protestants allemands, la Hollande, I'Angleterre, d'autres encore. Ils y apportaient, outre leurs convictions
religieuses, leurs compétences économiques, commerciales, financières, industrielles, intellectuelles et artistiques, provoquant en France une saignée dont le roi n'avait pas prévu I'ampleur. C'est là I'autre aspect du «Grand Refuge» souvent remis en lumière après 300 ans. Enfin
ceux qui restaient en France entrèrent dans la clandestinité, constituant I'Eglise du Désert, I'Eglise sous la Croix, situation qui durera jusqu'à la veille de la Révolution.

A Zurich, comme dans les autres villes protestantes, on suit de près les événements de France. Les vexations grandissantes suscitent I'indignation. La Révocation va provoquer un grand élan de générosité et de solidarité pour accueillir un flot de réfugiés toujours croissant.
Les Huguenots qui s'établirent en Suisse ou qui la traversèrent venaient de la France entière, mais surtout du Dauphiné, des Cévennes et du Languedoc. En route pour les Etats allemands, les Provinces-Unies des Pays-Bas ou I'Angleterre, ils étaient arrivés à Genève, saluant de leurs
Psaumes d'actions de grâce la première terre du Refuge. Genève (16 000 habitants) vit sa population augmenter d'un quart. De là, ils repartaient par le lac, gagnaient le Pays de Vaud, et suivaient les routes de la vallée de la Broye et du pied du Jura jusqu'à Berne, puis la vallée de l'Aar
jusqu'à Aarau, Zurich et Schaffhouse.

A cette époque, la ville de Zurich compte environ 10 000 habitants, le canton 120 000. Elle joue un rôle de premier plan dans le camp évangélique de la Confédération, et va prendre sa large part dans I'accueil des réfugiés français. Déjà en novembre 1683, une première collecte avait été faite aux portes des églises, rapportant 12 380 florins dans le canton. De septembre 1685 à la fin de I'année,
Zurich voit arriver 1800 réfugiés. D'année en année, les nouveaux arrivants remplacent ceux qui sont repartis. Entre le 3 décembre 1683 et la fin de 1688, on en dénombrera 23 345, qui séjournèrent plus ou moins longtemps dans une ville de 10 000 habitants. Nous avons peine à imaginer
aujourd'hui la proportion, et par conséquent, I'ampleur des problèmes posés.

A côté des nécessités matérielles, il faut songer aussi à la vie spirituelle, primordiale dans ces conditions. Eux qui ont quitté leur patrie pour garder leur fidélité à la foi reformée ne pourraient se passer longtemps de leur culte. Le 12 septembre 1685, Paul Reboulet, lui-même ministre réfugié venu du Vivarais, est nommé premier pasteur officiel français: son salaire sera de 3 florins par semaine, et par an 4 boisseaux de blé, 4 muids de vin et 2 moules de bois de sapin. Le 27 septembre, il est décidé que le culte aura lieu le dimanche à 11 h au Fraumünster, après le culte allemand, avec une deuxième prédication le mardi. Le 14 octobre, c'est le premier culte français officiel à Zurich.

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